Guide technique

Apports en irrigation

Les quantités d'eau apportées en irrigation sont comptabilisées de diverses manières et reflètent des significations proches mais souvent différentes. Les besoins en eau de chaque plante sont différents et dépendent aussi du type de sol.

Quantités

Le volume

C'est la quantité d'eau puisée dans la rivière ou le puits et déversée sur une parcelle.

Son unité est le mètre cube noté m3 ou le litre noté l.  1 m3 = 1000 l  

La dose

C'est le rapport entre le volume apporté et la surface de la parcelle irriguée. Cette valeur peut être directement comparée à la pluviométrie. Elle permet d'uniformiser les mesures et de les comparer entr'elles

Son unité est le millimètre noté mm. Certains parlent encore de litre par mètre carré noté l/m2.  1 mm = 1 l/m2 = 10 m3/Ha  

Le temps

C'est la durée totale de l'irrigation d'une parcelle.

Son unité est l'heure ou la journée.

Relations

Toutes ces notions sont reliées entre elles par les caractéristiques de la parcelle et du réseau:
Soient S la surface de la parcelle, Q le débit de son réseau et T la durée de l'irrigation, alors;

Besoins

Chaque culture a des besoins en eau différents. Chaque sol stocke l'eau de diverses manières. Le besoin spécifique de chaque parcelle est donc une combinaison des différentes données.

Cultures

Les plus exigeants sont les fruitiers « à pépins », dont les fruits grossissent au cœur de l’été. Le poirier, notamment, exige annuellement 850 mm d’eau bien répartis sur l’année, ce qu’il ne trouve que dans le nord-ouest de la France. Le pêcher est, lui aussi, assoiffé du printemps à l’automne, période où il doit recevoir l’équivalent de 600 à 700 mm, ce qui est loin d’être acquis dans toute la France. Le pommier ne se montre qu’à peine plus sobre, avec 550 mm nécessaires entre le moment où éclatent ses bourgeons et celui où les feuilles tombent.

Les groseilliers, cassis, framboisiers et actinidias, aux racines superficielles, sont également fragiles.

Cerisiers, abricotiers et pruniers, en revanche, sont plus rustiques de ce point de vue. Leur sève « descend » dès la fin de la récolte, en général précoce, et ils perdent rapidement leurs feuilles si le sol est sec.

Les essences typiquement méditerranéennes (amandier, figuier, bibacier ou néflier, vigne, grenadier) sont également de tempérament sobre.

Un verger (vigne) enherbé (appelé pré-verger) consomme logiquement davantage d’eau qu’un verger (vigne) dont le sol est nu. Cette pratique doit être réservée aux régions aux étés humides, où elle est traditionnelle (Normandie, Bretagne, Picardie, Lorraine, Auvergne…).

Les arbres et arbustes fruitiers, du plus sobre au plus exigeant

Besoins en eau des cultures
CultureBesoinApportPériode
Abricot450 mm250 mmde juin à septembre
Amande450 mm200 mmde mai à août
Blé dur430 mm140 mmde mars à mai
Colza660 mm230 mmde mi-mars à mi-juin
Luzerne1450 mm800 mmde mai à septembre
Melon350 mm200 mmde fin mai à mi-août
Olive700 mm300 mmde mai à septembre
Pêche850 mm600 mmde mai à septembre
Pomme800 mm550 mmde mi-mai à septembre
Prune800 mm550 mmde mai à septembre
Vigne300 mm100 mmde mai à août
Salade300 mm150 mmde fin mai à début juillet
Tomate600 mm400 mmde juin à août
Tournesol560 mm300 mmde juin à août

Sols

L'eau contenue dans le sol subie l'influence de diverses forces:

La mobilité de l'eau dans le sol varie selon plusieurs facteurs :

Le sol s'assèche plus rapidement dans les horizons de surface du fait de l'évaporation naturelle au sol et de la forte densité de racines. La succion des racines et les différences d'humidité entre la surface et les horizons plus profonds occasionnnent des remontées d'eau par capillarité. Ces remontées diffèrent selon la texture du sol et sa porosité :

Deux techniques culturales permettent de limiter l'évaporation au sol et ainsi préserver les réserves en eau pour l'alimentation hydrique de la plante : le binage qui permet à la fois d'éliminer les adventices et de rompre la continuité du film d'eau jusqu'à la surface; et le mulching ou paillage du sol qui est rendue difficile par la dispersion de la paille par le vent et par la progression des incendies au niveau du sol.

Un sol labouré et bien aéré, sans adventices, et bien pourvu en matière organique résistera mieux à la sécheresse.

Manière

L'eau peut être ammenée à la plante, principalement, de deux manières différentes : chaque jour ou chaque quinzaine. Chaque cultivateur choisira la plus appropriée.

Apport quotidien

Chaque jour, on apporte à la plante ce dont elle à besoin soit à peu près l'équivalent de son évapo-transpiration. Cette méthode est à privilégier pour les plantes à faible enracinement et les sols sableux. En effet le sol emmagasine peu d'eau et l'irrigation palie ce manque. Pour les plantes à enracinement profond, de plus de 60 cm, il est préferrable de l'éviter car il facilite la création d'un bulbe racinaire superficiel qui en cas de manque d'eau ne permet pas à la plante de survivre.

Apport bimensuel

Une quantité d'eau plus importante est ammenée à la plante, mais en une seule fois. Généralement, on dit simuler un orage. C'est le type d'apport à privilégier dans notre région et pour nos cultures.

Pluies

Cette irrigation naturelle n'est pas à négliger. Elles permettent de retarder les nouveaux arrosages de quelques jours. Parfois ce sont les seules ressources disponibles.

Le nombre de jours de décalage est égal à la pluviométrie divisée par l'évapotranspiration typique de la plante.
n=p/ETc